Gustave Flaubert (1821-1880)

Gustave Flaubert

Flaubert a grandi dans le cadre mélancolique de l'Hôtel-Dieu de Rouen

Son père, chirurgien réputé, était médecin-chef enfance triste

Goût de la science, de l'observation méticuleuse et objective

Au lycée de Rouen Flaubert partage l'exaltation romantique des adolescents de province qui trainent encore la mélancolie de René (le Mal du Siècle)

Au cours de l'été 1836 il connait Élise Schlésinger, femme d'un éditeur de musique, et tombe amoureux d'elle

C'est le début d'une passion muette qui deviendra chez l'homme mûr (maturo) une adoration discrète et quasi mystique il écrira elle une lettre d'amour seulement 35 ans plus tard, lorsqu'elle sera veuve

Élise Schlésinger sera l'inspiratrice de la première Éducation Sentimentale (1845), avant de reparaitre sous les traits de Marie Arnoux dans la seconde Éducation Sentimentale (1869)

Il vient d'entreprendre la première Éducation Sentimentale quand brusquement il est terrassé par une maladie nerveuse

Toujours à la merci (in balìa) d'une crise, Flaubert se retire dans sa propriété de Croisset, sur la rive droite de la Seine

Rendu encore plus pessimiste par la perte de son père et de sa sour (1846) il se consacre à sa mère et à une nièce orpheline, renonce à la vie mondaine et se donne au culte fanatique de l'Art, seule consolation à l'existence

Il se consacre à ses romans, composés patiemment, au prix d'un labeur méthodique et acharné (accanito)

au retour d'un voyage en Égypte, il passe 53 mois à écrire Madame Bovary

il entreprend un voyage en Tunisie pour se préparer à la rédaction de Salammbô

il passe cinq ans à rédiger l'Éducation Sentimentale (1869) dont l'échec lui cause une immense déception (delusione)

Repris par ses crises nerveuses, Flaubert aura la douleur de perdre sa mère (1872) et ses amis plus chers

Ses dernières années seront encore assombries (amareggiati) par l'insuccès de la Tentation de Saint Antoine (1874) et de ses essais dramatiques

Il déverse son amertume dans le roman satirique de Bouvard et Pécuchet qui lui impose d'écrasantes recherches érudites

Toutefois quelques satisfactions viennent adoucir ses dernières épreuves : le recueil des Trois Contes (1877) est salué unanimement comme un chef-d'ouvre

Flaubert meurt subitement en 1880

« Il y a en moi, littérairement parlant, deux bonshommes distincts »

romantisme réalisme

	Le premier de ces "bonshommes", c'est l'admirateur de Hugo l'héritier de René, grandi en plein Romantisme		A partir de 1849, la discipline réaliste influence Flaubert, mais il restera un cour sensible plein de tendresse et enthousiasme

Si son réalisme lui impose de peindre des bourgeois dans Madame Bovary, l'Éducation Sentimentale Bouvard et Pécuchet.

.il s'offre la revanche de libérer son imagination en écrivant Salammbô, la Tentation de Saint Antoine.

Et, même dans les ouvres bourgeoises, c'est avec une secrète délectation qu'il évoque les élans et les rêves de ses personnages.

La méthode scientifique : le Réalisme

Flaubert a passé sa jeunesse dans un milieu médical où l'observation rigoureuse des phénomènes était de règle et où s'affirmait déjà la croyance au déterminisme physiologique. De là l'idée d'étendre à la psychologie la méthode des sciences biologiques.

La documentation est donc devenue la condition de son labeur d'écrivain.

Puisque ses romans s'inspirent, pour la plupart, d'événements réels, il se livre à de vastes enquêtes : il recherche ce qu'étaient ses personnages, leur hérédité, leur conduite, les lieux où ils ont vécu.

Ce souci (preoccupazione) de l'exactitude documentaire était devenu pour Flaubert une hantise (fissazione). Avant de décrire l'empoisonnement de Mme Bovary ou les effets de la faim sur les Mercenaires il consulte plusieurs traités médicaux.

Par la documentation, le romancier doit-il opérer un choix dans ses documents, c'est à dire dépouiller les faits de leur caractère accidentel et leur donner une valeur de vérité universelle.

L'art objectif

Le romancier peut être vrai seulement s'il observe l'ame humaine avec impartialité, sans faire intervenir ses sentiments personnels. Il s'efforce de paraitre absent de son ouvre.

Sans doute l'impersonnalité absolue est impraticable, mais il faut par un effort de l'esprit, se transporter dans les personnages, et non pas les attirer à soi.

A vrai dire, en dépit de (a dispetto di) tous ses efforts, Flaubert n'est pas parvenu à réaliser une ouvre parfaitement impersonnelle. Il laisse parfois deviner son humeur, surtout quand il raille (deride) la sottise (stupidità) bourgeoise.

Madame Bovary

Le choix de l'écrivain se fixa sur un fait divers récent : l'histoire d'un ancien élève de son père, Eugène Delamare, médecin à Ry, dont la femme infidèle avait fini par s'empoisonner, et qui lui-même était mort de chagrin ().

Après plus de quatre ans d'un labeur acharné (accanito), Madame Bovary parut dans la Revue de Paris (1856) puis en libraire (1857).

L'écrivain s'était inspiré de l'aventure réelle avec une exactitude presque « scientifique ».

Sous le nom de Yonville Ry

La pharmacie, l'auberge du Lion d'Or, la diligence L'Hirondelle ont réellement existé

Même vérité dans les personnages :

Bovary est le portrait à peu près exact de Delamare

Mme Bovary ressemble par bien des traits à Mme Delamare

Il a emprunté à plusieurs pharmaciens pour composer Homais

Enfin, quand il n'est plus soutenu par le fait divers, le romancier crée l'impression de réalité par des détails qu'il a observés lui-même ; ainsi le réalisme de Flaubert apparait aussi bien dans le tableau d'une luxueuse soirée que dans la description d'un intérieur sordide ou dans l'évocation des derniers moments d'Emma Bovary torturée par le poison.

Sur le plan psychologique, le réalisme consistera à observer les hommes selon une parfaite objectivité afin d'imaginer avec le maximum de vraisemblance les idées, les sentiments, le langage même des personnages.

Dans le cas d'Emma Bovary, Flaubert s'est attaché à marquer l'influence des impressions d'enfance et de jeunesse, puis des événements extérieurs sur l'évolution des sentiments de son héroine ; et, tout au long du roman, en vertu d'une sorte de déterminisme, c'est par l'interaction des circonstances et des circonstances et des travers de son caractère qu'elle glisse comme sur une pente vers l'ennui, le mensonge, l'infidélité, et enfin le suicide.

Emma Bovary est surtout victime des illusions qu'elle nourrit sur elle-même et d'aspirations qui ne s'accordent nullement avec sa situation de petite bourgeoise sentimentale (satire du romantisme féminin).

Cette tendance des hommes à se croire tels qu'ils voudraient être et à rêver de bonheurs illusoires qui leur son inaccessibles, Flaubert la dénoncera dans la plupart de ses romans comme la source principale de leurs maux. Cette redoutable faculté d'illusion a reçu le nom, désormais traditionnel, de BOVARYSME.