Émile Zola (1840-1902)

Émile Zola

Il est né à Paris d'un père vénetien et d'une mère française

Il fait ses études à Aix-en-Provence puis Paris

Après un échec (fallimento) au baccalauréat, il entre à la librairie Hachette pour ficeler des paquets, se fait remarquer par son intelligence et se voit confier le service de la publicité

Admirateur des Goncourt et séduit par les idées de Taine et de Claude Bernard, il évolue assez vite vers le réalisme et même le « naturalisme » qui se manifeste déjà dans Thérèse Raquin (1867)

Dès 1868 il trace le plan d'ensemble du cycle des Rougon-Macquart

A partir de 1871 il va publier à la cadence moyenne d'un roman par an les 20 livres de cette « histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire »

C'est à partir du 7^e, L'Assommoir (1877) que le succès, dû au scandale, le rend célèbre

Autour de Zola se groupent alors les écrivains de l'école naturaliste : ils se réunissent dans sa villa de Médan, non loin de Paris, et publient en commun Les Soirées de Médan (1880), un recueil de récits qui devient le manifeste de la nouvelle école littéraire

Désormais chacun de ses livres est un événement littéraire : il obtient son plus grand triomphe avec Germinal (1885)

Zola termine en 1893 la série des Rougon-Macquart

Il publie les Trois Villes Lourdes (1894)

Rome (1896)

Paris (1897)

Ses enquêtes sur le monde du travail l'ont conduit au socialisme et s'engage dans la mêlée politique et sociale

Il publie un vibrant article en faveur de Dreyfus (J'Accuse, 1898) : condamné à un an de prison et radié de la Légion d'Honneur, il doit s'exiler en Angleterre (1898-1899)

A son retour, tout à ses aspirations humanitaires, il entreprend les Quatre Évangiles Fécondité (1899)

Travail (1901)

Vérité (posthume 1903)

Justice (inachevé) (incompiuto)

Zola meurt prématurément d'une asphyxie accidentelle

Comme Flaubert et les Goncourt, Zola a la passion du document : il prépare chaque roman par une enquête sociologique et engage même le réalisme dans les voies du naturalisme à prétentions scientifiques.

Les influences de Zola

j le Positivisme

k la théorie de l'évolution de Charles Darwin

l le Traité du docteur Lucas

m les lectures des ouvres de l'historien positiviste Hyppolite Taine et surtout du médecin Claude Bernard

Le romancier naturaliste soulignera donc particulièrement les conditions physiologiques, l'influence des milieux et des circonstances qui, selon lui, déterminent la personne humaine. Ce point de vue est un élément de vérité dans le roman moderne.

Zola donne trop volontiers la prééminence aux instincts, à la « bête humaine » ; ses héros sont souvent des impulsifs ou des natures frustes sont on saisit plus aisément le comportement extérieur.

Les Rougon-Macquart

Les lois scientifiques qui vont dominer toute la série des Rougon-Macquart sont empruntées au Traité de l'hérédité naturelle du Dr Lucas (1850).

A travers cinq générations successives, Zola a voulu suivre « le travail secret qui donne aux enfants d'un même père des passions et des caractères différents à la suite des croisements et des façons particulières de vivre ».

L'intention de l'auteur est claire dès le premier volume de ce cycle imposant : il s'agit d'étudier « mathématiquement l'évolution d'une tare héréditaire qui frappe les deux branches d'une même famille

alors que ses membres « s'irradient dans toute la société contemporaine » : l'enquête du romancier nous présente tour à tour :

une petite ville de Provence

le monde de la finance

les Halles

les milieux ecclésiastiques

les politiciens

Grande variété de types humains Large fresque sociale

les ouvriers parisiens

le monde des viveurs

les bourgeois

les artistes

les paysans

les brodeuses (le ricamatrici)

les chemins de fer

la guerre

le médecin hanté (ossessionato) par les lois de l'hérédité

La psychologie des personnages est généralement assez courte ; pour les naturalistes est plus importante la physiologie (défaut de Zola).

Zola est un incomparable évocateur des foules (folle), surtout des foules en mouvement. S'il nous suggère le caractère confus et démesuré de ces masses humaines, il nous fait aussi percevoir l'existence d'une ame collective chez ceux qui partagent la même détresse (ideale) ou la même exaltation.

L'Assommoir (il mattatoio) (1877)

Dans la Préface de ce septième roman tant attaqué pour son sujet (la famille ouvrière) et pour son style, Zola explique ses intentions :

« J'ai voulu peindre la déchéance (decadenza) fatale d'une famille ouvrière, dans le milieu empesté (contagiato) de nos faubourgs (quartieri operai). Au bout de l'ivrognerie (ubriachezza) et de la fainéantise (disoccupazione), il y a le relachement des liens de la famille, les ordures de la promiscuité, l'oubli progressif des sentiments honnêtes, puis comme dénoûment (sviluppo) la honte et la mort. C'est de la morale en action, simplement »